Cet article a été initialement publié en français sur le site de CICODEV. / Cet article a été initialement publié en français sur Site web de CICODEV.
Dakar, le 20 mai 2024 - En élaborant l'analyse de fond pour la campagne Stand for Her Land, l'Alliance nationale des femmes et de la terre (ANFF) au Sénégal, dirigée par CICODEV Afrique, avait fait état de l'existence de mécanismes juridiques et de textes de loi en faveur des droits fonciers des femmes au niveau national. Il s'agit notamment de la loi sur la parité et de la circulaire N° 0989/5/2018 du ministère de l'Agriculture et de l'Equipement rural. Cette dernière accordait des quotas aux femmes afin de réduire les inégalités de genre dans les activités agricoles. Mais dans le cadre du suivi, aucun progrès n'a été réalisé.
Le 15 mai 2024, le nouveau ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l'élevage a réédité la circulaire N0989/5/2018 dans le but de suivre la mise en œuvre de la circulaire 0989. En prévision de la campagne agricole 2024-2025, le Ministre, à travers cette nouvelle à travers cette nouvelle circulaire de rappel n°00590, a instruit le suivi de la mise en œuvre de la circulaire 2018. Il demande que les femmes soient affectées au minimum :
- 15% des nouveaux développements à partir des eaux de surface
- 20% des nouveaux développements à partir des eaux souterraines
- 20% de graines d'arachide
- 20% de semences de riz
- Tracteurs 15%
- 20% équipement de culture tiré par un tracteur
- Financement 40%
Cette circulaire reflète les espoirs des femmes qui composent l'ANFF et fait suite à un fort plaidoyer pour sa mise en œuvre dans le cadre de la campagne Stand for Her Land. Cette campagne vise à réduire l'écart entre le cadre juridique et la réalité du terrain en matière d'accès des femmes à la terre. Ce plaidoyer a été mené lors de la célébration de la journée internationale de la femme à Bayakh le 8 mars 2024, où plus de 200 femmes du monde agricole ont revendiqué devant les autorités l'application de la circulaire de 2018 pour réduire les inégalités de genre dans les activités agricoles. Le panel de haut niveau organisé par la Banque mondiale et l'agence de développement allemande GIZ a également été l'occasion pour l'ANFF de s'engager fortement pour l'application de la circulaire 2018.
Au Sénégal, la question des droits fonciers des femmes demeure une préoccupation majeure pour le développement durable, dans un contexte de gestion durable des ressources naturelles et de réduction de la pauvreté. L'action des différents acteurs, dont l'ANFF, part du constat général de la faiblesse notoire de l'accès et du contrôle des femmes sur la terre, en raison de la persistance des inégalités et d'un processus de socialisation qui favorise cette discrimination. L'impact négatif de tous ces facteurs sur la situation économique et sociale des femmes génère et consolide la tendance à la féminisation de la pauvreté dans ce pays.
L'ANFF salue les récentes décisions prises par les nouvelles autorités pour améliorer la gestion foncière. L'ANFF salue l'initiative de suspendre les procédures foncières dans 18 zones à risque du pays, et appelle le chef de l'Etat à aller plus loin dans une réforme foncière qui prenne en compte les besoins spécifiques des groupes vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes.