Une nouvelle étude de cas soutient les droits fonciers équitables pour les femmes afin d'atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres

L'Éthiopie est l'un des pays d'Afrique subsaharienne les plus gravement touchés par la dégradation des sols. Les terres dégradées sont moins productives pour l'agriculture, perturbent le régime des pluies, exacerbent les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations, contribuent au changement climatique et peuvent être à l'origine de conflits sociaux et politiques. L'agriculture, la déforestation et le pâturage du bétail peuvent tous être à l'origine de la dégradation des terres.

En Éthiopie, 80% de terres sont susceptibles de subir une dégradation modérée ou sévère. Selon le rapport national de l'Éthiopie sur la neutralité de la dégradation des sols, la dégradation des sols est "l'une des principales causes de la faiblesse et du déclin de la productivité agricole du pays, de l'insécurité alimentaire persistante, de la pauvreté rurale et des conséquences économiques et sociales négatives qui en découlent".

Les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la dégradation des sols et se heurtent souvent à des obstacles qui les empêchent d'obtenir la sécurité foncière dont elles ont besoin pour réaliser des investissements à long terme qui permettraient de prévenir et d'inverser la dégradation. Les droits fonciers des femmes sont donc essentiels pour lutter contre la dégradation des sols.

Compte tenu de l'état critique de la dégradation des terres en Éthiopie, Landesa et S4HL ont publié une étude de cas sur la politique de neutralité de la dégradation des terres (LDN) dans le pays, son impact et sa relation avec les droits fonciers des femmes. L'étude fournit des recommandations pour renforcer les efforts de LDN en Éthiopie en incorporant des approches de transformation du genre pour améliorer la mise en œuvre de pratiques foncières équitables.

La neutralité en matière de dégradation des terres est un état dans lequel la quantité et la qualité des ressources terrestres dans une zone donnée sont stables ou augmentent. Les politiques visant à atteindre la NDD s'efforcent d'éviter la dégradation des terres en préservant les terres saines, de réduire la dégradation existante en adoptant des pratiques de gestion durable des terres et d'inverser la dégradation pour restaurer les terres dans un état plus sain et plus productif.

L'Éthiopie a déjà mis en œuvre des politiques essentielles pour progresser vers la réalisation de la LDN. Reconnaissant le lien entre la sécurité des droits fonciers et la gestion durable des terres, l'Éthiopie a mis en œuvre deux programmes de certification foncière entre 1998 et 2020. Avant la mise en œuvre de ces programmes, le régime foncier en Éthiopie était très incertain. La certification a donné aux agriculteurs l'assurance qu'ils pourraient rester sur leurs terres à long terme, ce qui leur a donné la stabilité nécessaire pour faire des investissements à long terme dans leurs terres, y compris des pratiques de gestion durable des terres afin de combattre et de prévenir la dégradation des sols.

Les agriculteurs ayant reçu des certificats fonciers ont investi davantage dans l'agriculture durable et intelligente face au climat. Par exemple, ils étaient 13% plus susceptibles d'investir dans la conservation et l'entretien des sols et de l'eau et 15% plus susceptibles de planter davantage d'arbres ou d'autres cultures à long terme.

La politique de certification des terres a également considérablement accru la capacité des ménages dirigés par des femmes à protéger leurs terres par des pratiques durables. Avant de recevoir des certificats, les ménages dirigés par des femmes étaient 20% moins susceptibles d'investir dans la conservation des sols et de l'eau que les ménages dirigés par des hommes ou par deux hommes. Huit ans après avoir reçu des certificats, elles étaient tout aussi susceptibles que les autres ménages de réaliser ces investissements. En outre, les veuves ayant reçu des certificats étaient 46,8% plus susceptibles d'investir dans la conservation des sols et de l'eau.

En tant que gardiennes de la terre, les femmes jouent un rôle clé dans l'élaboration des pratiques de gestion des terres. La sécurité foncière permet aux femmes d'investir dans la gestion durable des terres et la conservation des sols. Les politiques foncières qui n'intègrent pas les femmes de manière significative ne font pas que perpétuer les inégalités existantes entre les sexes, elles ne parviennent pas non plus à tirer parti des compétences et des connaissances des femmes en matière de gestion des terres.

Les résultats des efforts de la LDN en Éthiopie démontrent l'importance de droits fonciers sécurisés et équitables pour les hommes et les femmes afin de promouvoir des pratiques de gestion des terres durables et réparatrices. Les recommandations formulées par les membres de la coalition S4HL en Éthiopie indiquent comment les décideurs politiques et les représentants de la société civile peuvent prendre les prochaines mesures pour intégrer des approches de transformation des droits fonciers des femmes en tandem avec la LDN. Compte tenu de l'importance des droits fonciers des femmes dans les efforts déployés pour atteindre la LDN, il est essentiel d'éliminer les obstacles à la participation des femmes aux processus décisionnels, de sensibiliser aux droits fonciers des femmes et de veiller à ce que les politiques soient mises en œuvre d'une manière équitable pour les femmes.

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